vendredi 27 août 2010
Alphonse Daudet, Fromont jeune et Risler ainé, 1874.
Editeur : Edito-Service (Suisse)
Ce roman bien difficile à trouver aujourd'hui eut plus de succès au moment de sa publication que les œuvres de Zola et des Goncourt. Cela peut s'expliquer par une intrigue plutôt haletante et des rebondissements bien trouvés, pourtant les personnages sont des clichés, leur psychologie est mal établie et certains revirements dans leur comportement restent inexpliqués ( changement total de Sidonie entre les deux premiers livres, intérêt soudain pour les personnalités de Claire et de Risler au dernier livre...) et donc artificiels.
L'histoire se déroule à Paris, à la fin du XIXe et tourne autour de quatre famille:
- les Fromont, aristocrates fermés sur eux-même (le jeune Fromont épouse sa cousine Claire)
- les Chèbe, famille pauvre dans laquelle, la fille, Sidonie aspire à un rang socialement plus élevé.
- les Risler, c'est-à-dire Risler ainé, associé de Fromont et son frère Frank
- les Delobelle, une femme et sa fille qui se sacrifient continuellement pour assurer le train de vie du père, l'artiste qui cherche désespérément un rôle au théâtre.
Sidonie fréquente les Fromont, rêve d'épouser le jeune fils mais à la mort de son père, ce dernier doit renoncer. La jeune femme ambitieuse décide d'épouser Risler ainé alors que tout le monde s'attend à ce qu'elle choisisse Frank. Dès lors, son train de vie devient celui des bourgeois. Son mari totalement naïf, cède à tous ses caprices, ne s'aperçoit pas qu'elle a fait de Fromont, son amant. Frank choisit de fuir, et quand il revient auprès de la fille Delobelle, qui l'aime éperduement, il la laisse espérer puis la déçoit, ce qui la conduit à se jeter dans la Seine. elle meurt des suites de son geste. Puis, Fromont ruine son usine pour sa maîtresse (qui a déjà un autre amant) et c'est au moment où il faut régler les comptes (où le motif du lutin bleu apparait p. 249) que Claire et Risler ainé apprennent qu'ils ont été trompés. Risler chasse Sidonie, vend tous ses biens et travaille dur pour rétablir l'entreprise. A la fin du roman, Risler aperçoit Sidonie, chanteuse dans une taverne et décide d'ouvrir le colis qu'elle lui avait envoyé: la lettre passionnée que lui avait envoyé Frank. C'est alors que Risler se suicide.
A retenir en particulier, Delobelle égoïste et aveuglé (p.235 par exemple)
mardi 24 août 2010
Albert Camus, Les Possédés, 1959.
Editeur : Editions Gallimard (28 janvier 2010)
Collection : Folio Théâtre
ISBN-10: 2070399257
ISBN-13: 978-2070399253
Dans cette adaptation du roman de Dostoïevski, les dialogues priment sur la psychologie des personnages. Les scènes sont des tableaux qui se succèdent parfois très rapidement. Enfin, la "confession de Stavroguine" (p.168) est rétablie alors qu'elle avait été censurée par l'éditeur de Dostoïevski.
Ainsi, les personnages principaux représentent des courants de pensées, caractéristiques de la fin du XIXe siècle, appelés à influencer tout le XXe siècle:
Ivan Chatov, chrétien qui attend la venue du second Christ qui sauvera la Russie.
Nicolas Stavroguine, ne porte pas d'étendard, mais sa position et son charisme en font un homme rare, qu'on recherche, mais qui porte en lui-même le terrible secret qui explique son attitude.
Alexis Kirilov, nihiliste, veut affirmer sa liberté en se suicidant.
Chigalev, partisan d'une partition de l'humanité entre dix pour cent de dirigeant et quatre-vingt-dix pour cent de soumis abêtis mais heureux (p.153).
Pierre Stepanovitch Verkhovensky, révolutionnaire sanglant qui prône l'anarchie comme fin en soi (p.146).
Fedka, pragmatique, tueur sans état d'âme.
jeudi 12 août 2010
Gustave Flaubert, Mme Bovary, 1957.
Editeur : Editions Flammarion
Édition : Folio 804 (5 mars 1990),
préface et notice de Maurice Nadeau.
Plan du roman
Première partie :
I – Jeunesse de Charles, premier mariage avec une veuve.
II – La jambe cassée de Rouault, première rencontre avec Emma (p. 39), mort d’Héloïse.
III – Demande en mariage au père.
IV – Fête de mariage.
V – Emménagement à Tostes.
VI – Les lectures d’Emma, souvenirs du couvent (p.66).
VII – La vie avec Charles.
VIII : Une soirée à la Vaubyessard.
IX – L’ennui d’Emma, le plan de Paris.
Deuxième partie :
I – Yonville-L’Abbaye, le Lion d’or.
II – Arrivée du couple et repas avec Homais, conversation exaltée avec Léon (p.121).
II – Naissance de Berthe, sorties avec Léon et Homais.
IV – Ennui et résignation d’Emma.
V – Première visite de M. Lheureux.
VI – Tentative chrétienne, lassitude de Léon « d’aimer sans résultat » (p.165), son départ.
VII – Arrivée de Rodolphe (p.180).
VIII – Les Comices, promenade avec Rodolphe.
IX – Stratégie payante de Rodolphe, Flaubert se moque d’Emma (p.211), « j’ai un amant » (p.219).
X – Lettre du père, ingratitude de Rodolphe (p.227).
XI – Opération d’Hippolyte et ses suites.
XII – Nouvelles aventures avec Rodolphe, projets d’avenir.
XIII – La lettre de Rodolphe (p.266), sa fuite, ridicule de Homais pendant l’évanouissement d’Emma (p.273).
XIV – Maladie d’Emma qui cherche du réconfort dans la religion, sans grand succès.
XV – Représentation théâtrale à Rouen écourtée par la rencontre avec Léon.
Troisième partie :
I – Nouvelles amours avec Léon.
II – Les confitures de Homais, un prétexte pour retrouver Léon.
III – Trois jours avec Léon.
IV – Nouveau prétexte : les leçons de piano.
V – Emma à Rouen tous les jeudis.
VI – Ennui mutuel des deux amants, les affaires de M. Lheureux.
VII – La saisie, Emma cherche de l’argent en vain.
VIII – Démarche auprès de Rodolphe, l’arsenic (p.400), le docteur Larivière.
IX – La veillée, une joute entre Homais et le curé Boursinot.
X – L’enterrement.
XI – Epilogue (Homais publie à « mes » frais, p.437).
Le réquisitoire de l’avocat impérial Ernest Pinard, lors du procès de 1957, se fonde sur deux accusations : l’offense à la morale publique et l’offense à la morale religieuse. L’argumentation s’appuie sur le caractère lascif d’Emma tout au long du roman et sur quatre extraits en particulier :
· Celui qui passe pour « une glorification de l’adultère », lorsqu’Emma, après avoir succombé aux charmes de Rodolphe, s’écrie : « j’ai un amant ! » et la description du contentement et de la beauté d’Emma après cet adultère.
· Le secours qu’elle cherche auprès de la religion, après la fuite de Rodolphe, où les prières qu’elle formule sont considérées par l’avocat comme « les paroles adressées à l’amant dans les épanchements de l’adultère ».
· Les descriptions trop détaillées et jugées choquantes, lors des rencontres dans la chambre d’hôtel avec Léon. En particulier, les courbes d’Emma, sa fatigue après la volupté.
· La mort d’Emma et son rire effrayant alors qu’elle a reçu l’extrême-onction.